dimanche, 08 décembre 2024 04:45

GROS PLAN SUR… 023 – La particule aspectuelle préverbale « A »


hiva oa tiki souriant Copy
Gros plan du tiki de Utukua à Punaei, Hiva Oa

NOUVEAUTÉ : LE « GROS PLAN...» DE LA SEMAINE EST DÉSORMAIS  AUSSI  DISPONIBLE EN TÊTE DE PUBLICATION CI-DESSOUS :

023 – La particule aspectuelle préverbale « A »

Elle marque l’aspect inchoatif, c’est-à-dire qu’elle provoque le déclenchement d’une action.

Elle exprime :

1) – L’injonction, l’ordre (impératif) :

*- A hee ! / Va-t’en ! Allez-vous-en !

*- A hīmene tātou ! / Chantons !

Dans ce cas, de par la rapidité de l’énoncé, le destinataire de l’ordre ainsi que les compléments du verbe disparaissent souvent :

*- A pā te puta ! (au lieu de : Aòe i te puta !) / Ferme la porte !

2) – La conséquence d’une première action avec la locution « a tahi a/alors » :

*- Ua tau te àkiona, a tahi a iho mai te tau manihii.

*- L’avion se posa et alors, les touristes descendirent.

 

GROS PLAN SUR…


Une des missions de l’Académie marquisienne est de valoriser le èo ènana, la langue des îles Marquises ; dans ce but, elle se doit d’éclaircir un certain nombre de points de grammaire et de vocabulaire qui posent problème aux locuteurs.

Sous le titre « GROS PLAN SUR… », elle se propose ici, chaque semaine, de mettre en avant un aspect de cette langue au fil d’éclaircissements donnés en français afin de ne pas défavoriser ceux qui ne la maîtrisent pas.

Cet ouvrage étant destiné en priorité aux enfants et aux enseignants, les termes grammaticaux ont été choisis afin d’en faciliter la compréhension.
Le parler employé dans cet article est celui de Nuku Hiva ; chaque île fera les modifications nécessaires.

 

SOMMAIRE

001 – La question de la langue unique et des six parlers

002 – La graphie ou orthographie du marquisien

003 – L’allongement naturel de l’avant-dernière syllabe

004 – Les signes diacritiques (ou accents) de la langue marquisienne

005 – L’occlusive glottale, ou simplement glottale (tūkinaèo)

006 – Le macron (haatokoìaèo)

007 – L’accent circonflexe (uhiuhi)

008 – Le « k » de Ua Pou

009 – Le « h » et le « f »

010 – Le son /s/

011 – La nature des mots marquisiens

012 – Les mots-bases du marquisien

013 – Le marquisien, une langue austronésienne agglutinante

014 – Les articles TE et HE

015 – Le genre des mots marquisiens (masculin/féminin)

016 – Le procédé de réduplication

017 – L’expression du duel, pluriel à deux

018 – L’expression du pluriel, à partir de trois

019 – Les pronoms personnels TĀTOU, MĀTOU

020 – Les particules démonstratives NEI, NĀ, AA/Â

021 – Les énoncés équationnels (phrases sans verbe « être »)

022 – La notion de temps en marquisien

023 – La particule préverbale « A »

024 – La particule préverbale « E »

025 – La particule préverbale « E + BV + NEI, ANA, AA/ »

026 – La particule préverbale « UA/U »

027 – La particule préverbale « I »

028 – La particule préverbale « IA »

029 – La particule préverbale « OI »

030 - La particule préverbale « MEI »

031 – La particule préverbale « OA »

032 – L’introduction des compléments par des prépositions

033 – La proposition finale ou de but

034 – La négation « AÒÈ »

035 – L’interdiction avec « UMOÌ » et « AUA »

036 – Les deux prépositions-mères : « I » et « MA »

037 – « ME » conjonction et préposition

Pour l'expression de l'hypothèse avec « si/me he mea, anoa », cliquer sur ce lien

038 – La préposition « IO »

039 – Les démonstratifs locatifs formés avec « I »

040 - Les particules directionnelles postverbales « MAI, ATU, AÈ, IHO »

041 – La particule directionnelle « MAI »

042 – La particule directionnelle « ATU »

043 – L’appartenance en « O, TO, NO » et « A, TA, NA »

Pour l'étude complète de l'appartenance en « O » et en « A », cliquer sur ce lien.

044 – La comparaison de SUPÉRIORITÉ (Règle générale) ;
en français, traduction de : PLUS… QUE

045 – La comparaison de SUPÉRIORITÉ (Particularités) ;
en français, traduction de : PLUS QUE…

046 – La comparaison d’INFÉRIORITÉ ;
en français, traduction de : MOINS QUE…

047 – La comparaison d’ÉGALITÉ ;
en français, traduction de : AUSSI … QUE, AUTANT … QUE…

048 – La supériorité absolue ;
en français, traduction de TRÈS + adjectif/adverbe.
+ liste des mots-bases modifiés par un autre adverbe augmentatif que « oko / oo »

049 – La supériorité relative ;
en français, traduction de LE/LA PLUS + adjectif/adverbe + DU/DE LA/DES…

050 – Les démonstratifs comparatifs

051 – Les présentatifs locatifs qui sont de deux sortes

052 – Les emplois particuliers des présentatifs locatifs EĪA et ENĀ.

053 – Les diverses façons d’exprimer l’appartenance ou la possession.

054 – Les suffixes de la langue marquisienne : -ÌA, -TIA, -TINA, -NA, -A.

055 – La formation de la voix passive

056 – La nominalisation/substantivisation verbale simple

057 – La nominalisation/substantivisation verbale à sens temporel

058 - L'interrogation dite « fermée »

059 – Les préfixes causatifs : HAA-, HAKA-, TĀ-, TĪ-

060 - La particule postverbale anaphorique « AI »

061 - Les subordonnées relatives « sujet »

062 – Les subordonnées relatives « complément »

063 – L’énonce attributif avec « NA »

 

BIBLIOGRAPHIE

*- Académie tahitienne – Fare Vāna’a : « Grammaire de la langue tahitienne », Tahiti, 1986

*- Lazard, Gilbert et Pelzer, Louise : « Structure de la langue tahitienne », Slat 391, Éditions Peeters, 2000

*- Tetahiotupa, Edgar : « Parlons marquisien », l’Harmattan, Paris, 2009

*- Vernaudon, Jacques ; Paia, Mirose : Méthode de Tahitien « Ia ora na », INALCO, Paris, 2000

*- Zewen, Père François, « Introduction à la langue des îles Marquises – Le Parler de Nukuhiva – Hamani ha’avivini ‘i te ‘eo ‘enana », Haere Pō, Tahiti, 1987, 2014, 2016.

 

001 – GROS PLAN SUR… La question de la langue unique et des six parlers

 

A) – Les « deux langues » des linguistes internationaux

« Aux Marquises, de même que l’archipel se divise en deux groupes, l’un Sud-Est, et l’autre Nord-Ouest, de même la langue se distingue en deux dialectes bien distincts, mais non pas tellement qu’on ne puisse se comprendre d’un groupe à l’autre. De plus, chacun de ces dialectes admet, dans le même groupe, des variantes d’île à île et de vallée à vallée. »

« Mgr I. R. Dordillon, « Grammaire et dictionnaire de la langue des îles Marquises », Paris, Belin, 1904 ; page 4)

Ce que dit l’illustre évêque, c’est que les îles Marquises se divisent en deux groupes géographiques et linguistiques ; il précise néanmoins, et ce n’est pas un détail, que tous les Marquisiens se comprennent d’une île à l’autre.

Tout comme Mgr Dordillon, jusqu’à ce jour, les linguistes spécialistes du Pacifique rapportent qu’il existe deux langues marquisiennes : une pour les trois îles du nord-ouest (Ua Pou, Ua Huna et Nuku Hiva), et une pour les trois îles du sud-est (Hiva Oa, Tahuata et Fatu Iva).

De même que diviser l’archipel en deux groupes géographiques est une invention injustifiée des occidentaux, de même, cette dichotomie linguistique est erronée ; la langue marquisienne unique ne se divise pas en deux groupes mais en six, chaque île chérissant son accent et ses propres variantes lexicales.

Tout Marquisien maîtrisant sa langue, qui voyage dans l’archipel, comprend sans difficulté ce que lui disent ses frères et sœurs marquisiens sur chacune des six îles visitées ; il n’éprouve, non plus, aucune difficulté à se faire comprendre.

B) – Les raisons de la division géographique et linguistique nord-sud

1) - Raisons historiques

a) - 1595 : Passage des Espagnols

*- En juillet 1595, l’escadre espagnole commandée par Alvaro de Mendaña est le premier groupe d’Européens à poser les yeux sur les trois îles du sud-est de la Terre des Hommes qu’ils nomment « Las islas Marquesas de Mendoza », les îles Marquises.

b) - 1774 : James Cook

*- En 1774, James Cook repasse par ces îles, précise leur emplacement et maintient leur nom.

c) - 1791 - Les trois îles du nord-ouest sont connues des occidentaux

*- En avril 1791, l’Américain Ingraham aperçoit les trois îles mais ne peut y aborder ; il les nomme « Îles Washington ».

*- En juin 1791, c’est au tour d’Étienne Marchand, un Français, d’y parvenir. Il aborde Ua Pou dont il prend possession au nom de la France, mais ne peut aborder aucune autre île. Il nomme le groupe « Îles de la Révolution ».

Voici donc l’archipel désormais dissocié en deux groupes géographiques. Au sud-est, les « Îles Marquises » aussi connues sous le nom d’« Îles Mendocines » et, au nord-ouest, les « Îles Washington/îles de la Révolution ».


2) - Raisons linguistiques

Leurrés par la dissociation nord-sud, les linguistes du Pacifique (qui, pour la plupart, ne parlent pas correctement le marquisien) se sont focalisés sur la manière différente entre le nord et le sud d’exprimer un certain nombre de notions.

a) - La voix passive

En effet, là où les trois îles du nord (N) disent « Ua peàuìa mai. / On me l’a dit. », celles du sud (S) disent « Ua peàutia mai. »

b) – La nominalisation du verbe par adjonction du suffixe –ìa (N) et -tina (S) :

Pour dire « la demande », on dit « te apeìa » au nord et « te apetina » au sud.

c) - Ces mêmes linguistes ont aussi basé leur différenciation erronée sur deux mutations nord-sud :

*- celle du « h » (n) en « f » (s) : henua/fenua (pays, terre) ; hiti/fiti (monter)

* - celle du « k » (n) en « n » (Uh, s) : nohoka/nohona (siège, chaise) ; metaki/metani (vent).

Cependant, cette mutation n’est pas systématique, et certains mots suivant cette formation perdurent dans toutes les îles comme : matena (la mort), pāona (dernier). D’autre part, comme les exemples ci-dessus (nohona, metani), cette mutation s’applique aussi à Ua Huna qui fait pourtant partie du groupe nord.

d) - Quelques particularités de chaque île contredisent cette division binaire nord-sud

* – Ua Pou est la seule île où le « k » s’emploie toujours à foison : dans le préfixe haka-, pour les pronoms koe, kōtou et le verbe kite

*- Comme on vient de le voir plus haut, la langue de Ua Huna occupe une place particulière due aux nombreux liens familiaux ancestraux entre l’île et les tribus du nord de Hiva Oa. Ces nombreux échanges ont laissé des traces linguistiques qui perdurent de nos jours.

Même si les habitants de Ua Huna n’ont pas adopté de « f » du sud et conservé le « h », en plus de leur accent et de leurs vocables propres, le « k » y est remplacé par le « n » comme signalé plus haut ; autrefois l’île se nommait bien Ua Huna, comme on peut le constater dans le récit de voyage de Dumont d’Urville en 1838. Désormais, on y entend les deux prononciations surtout depuis la résurgence de la Légende de la Création des îles Marquises au cours des années 1980, remise au gout du jour par des natifs de Nuku Hiva qui disent « Ua Huka ».

* - Les îles du sud ont un stock commun de mots différents de ceux du nord : noho(N)/èka (S) (habiter) ; ùmihi/ìmi (chercher) ; hei/afi (convenir). De surcroît, chacune d’entre elle, et particulièrement Fatu Iva, dispose de mots qui lui sont propres, principalement marqués par la disparition de la lettre « k » : maki/maì (blessure, plaie) ; kai/ài (manger) ; kāvaìvaì/âvaìvaì (mélanger) ; kūiea/ihipuna //miti (cuillère), etc.

CONCLUSION

Ces nombreuses variantes lexicales ne permettent pas de caractériser deux langues mais bien une seule et unique langue partageant les variantes régionales des six îles habitées du Henua Enana.

002 – GROS PLAN SUR… La graphie ou orthographie du marquisien

Fondée par décret le 27 janvier 2000, c’est le 15 octobre 2001 que l’Académie marquisienne fait le choix radical de la graphie « liée ». C’est une orthographe largement inspirée par celle employée par les missionnaires catholiques du XIXème siècle ; elle est aussi fortement influencée par les travaux du linguiste tahitien Turo Raapoto.

Cette graphie est appelée « liée » parce que :

* - elle ne positionne pas l’occlusive glottale avant la voyelle, comme une apostrophe, mais sur la voyelle, comme un accent grave : paòpaò et non pa’opa’o.

* - elle ne sépare pas deux voyelles identiques par la glottale : haaòko et non ha’a’oko.

Cette absence de rupture visuelle permet une meilleure vision globale du mot concerné sans le priver des signes qui caractérisent sa prononciation.

Cette graphie se caractérise aussi par la généralisation du macron sur les voyelles longues (kōpū, au nord) et de l’accent circonflexe sur les voyelles glottalisées longues (ôpū, au sud).

Le lecteur peut télécharger l’article complet en suivant ce lien.


003 – GROS PLAN SUR… L’allongement naturel de l’avant-dernière syllabe

L’avant-dernière (ou pénultième) syllabe des mots pris individuellement (hors contexte) est naturellement longue ; il est donc inutile de la marquer d’un macron pour signaler cet allongement originel : au, kui, potu, motua, paaoa, manihii.

Cet allongement naturel disparaît en contexte, c’est-à-dire au sein d’une énonciation. Néanmoins, un certain nombre de mots conservent cet allongement naturel quelque soit leur place dans la phrase ; la voyelle concernée est alors marquée du macron comme signalé dans le « Gros plan sur … » N° 02. (Exemples : ūa/pluie ; hīa/désir ; kooūa/grand-père).

 

004 – GROS PLAN SUR… Les signes diacritiques (ou accents) de la langue marquisienne.

Il s’agit ici d’un résumé rapide d’un article dont le lecteur trouvera la totalité en cliquant sur ce lien.


La langue marquisienne emploie trois signes diacritiques qui permettent de modifier la prononciation des voyelles et qui seront étudiés individuellement dans les prochains épisodes de « Gros Plan Sur… ».


1) – L’occlusive glottale, ou glottale, nommée tūkinaèo, qui vient heurter la voyelle sur laquelle elle s’applique comme un accent grave : (à, è, ì, ò, ù).

2) – Le macron, nommé haatokoìaèo, qui vient allonger la voyelle au-dessus de laquelle il est appliqué : (ā, ē, ī, ō, ū)

3) – L’accent circonflexe, nommé uhiuhi, qui vient s’appliquer sur la voyelle en combinant la glottale et le macron ; la voyelle est alors à la fois longue et heurtée : (â, ê, î, ô, û).

 

005 – GROS PLAN SUR… L’occlusive glottale, ou simplement glottale (tūkinaèo)


On la nomme tūkinaèo.

Important : La glottale est la trace visible d’une consonne disparue (k, r et le "l" protopolynésien) : makimaki/maìmaì ; kai/ài ; kōmako/ômaò.

L’occlusive glottale est matérialisée par un accent grave appliqué sur les voyelles indiquant ainsi qu’elles sont heurtées : àma ≠ ama ; èpo ≠ epō ; ìmu ≠ ipu ; òko ≠ oko ; ùa ≠ ua.

Il s’agit ici d’un résumé rapide d’un article dont le lecteur trouvera la totalité en cliquant sur ce lien.


006 – GROS PLAN SUR… Le macron (haatokoìaèo)

C’est un trait horizontal appliqué sur la voyelle afin de marquer son allongement ou longueur vocalique : hō, kī, pā, pū, ūa, ūi. Lorsque le macron est placé sur la dernière syllabe du mot, l’accentuation du mot entier se déplace vers elle : hakatu/ haka, he(N) /fetū (S).

Il s’agit ici d’un résumé rapide d’un article dont le lecteur trouvera la totalité en cliquant sur ce lien.


007 – GROS PLAN SUR… L’accent circonflexe (uhiuhi)

C’est une combinaison de la glottale (à, è, ì, ò, ù) et du macron (ā, ē, ī, ō, ū ) = â, ê, î, ô, û. La voyelle est en même temps longue et heurtée : âtou, keâ, keî (énorme ≠ keì/creuser), moû, ôtou.Lorsque l’accent circonflexe est placé sur la dernière syllabe du mot, l’accentuation du mot entier se déplace vers elle.

Il s’agit ici d’un résumé rapide d’un article dont le lecteur trouvera la totalité en cliquant sur ce lien.

 

008 – GROS PLAN SUR… Le « k » de Ua Pou 

Cette île est la seule de l’archipel où le « k » perdure là où il a disparu dans les autres îles où l’on trouve : anaè, haapao, ìte, òe, ôtou, ôùa, māòna, tootahi. À Uapou : anake, hakapao, kite, koe, kōtou, kōùa, mākona, tokotahi.


009 – GROS PLAN SUR… Le « h » et le « f »

Une des caractéristiques de la langue marquisienne est, selon les îles, la mutation du « h » en « f » :

Nuku Hiva, Ua Pou, Ua Huna : haki, hati, hatu, henua, hiti, hitu, …

Hiva Oa, Tahuata, Fatu Iva : faì, fati, fatu, fenua, fiti, fitu, …

Attention, cette mutation n’est pas systématique !

*- Les mots suivants s’écrivent et se disent de la même manière partout : hakatu, hāmani, haìna ; et aucun préfixe haka-/haa- ne mute jamais en faa-.

*- Le mot « fiva », importé de l’anglais « fever » (fièvre) est usité dans les six îles.


010 – GROS PLAN SUR… Le son /s/

Bien que lettre « s » soit absente de l’alphabet marquisien, le son /s/ est fréquemment oralisé ; sa présence a deux origines possibles :

1) - C’est le résultat d’un phénomène articulatoire, nommé palatalisation, qui concerne principalement les voyelles fermées et qui provoque un glissement du « h » précédé de « i » vers le « » : I hea ? (Où ?) prononcé /isea/.

2) - Ce phénomène s’est intensifié avec l’arrivée des étrangers et leurs mots contenant le son /s/ ; l’Académie recommande de l’écrire « h » :

*- Shoe (chaussure, en anglais) : aihū, souvent prononcé /aisu/.

*- Cheval : ihovare, parfois prononcé « horave, hoare, soare, suare, sorave ou sovare » selon les îles.

 

011 – GROS PLAN SUR… La nature des mots marquisiens


Il n’existe que deux natures de mots :

1) - Les noms communs qui répondent à la question « E aha ? » :

« E aha tenā ? » « E potu tenā. » (Qu’est-ce que c’est ? C’est un chat ?)

2) - Les noms propres qui répondent à la question « O ai ? » :

« O ai òe ? » « O Moe au. » (Qui es-tu ? Je suis Moe.)

« O ai teâ tuaivi ? » « O Muake. » (Quelle [Qui] est cette montagne ? » « C’est Muake. »

 

012 – GROS PLAN SUR… Les mots-bases du marquisien

En marquisien, la plupart des mots sont des mots-bases ; ils n’ont pas de fonction grammaticale déterminée à l’avance. Cela signifie qu’ils renferment une notion qui prend une fonction grammaticale différente selon la place occupée dans l'énoncé et les autres mots de cet énoncé.

Par exemple, le mot-base « kāòha » peut s’employer avec la fonction de :

1) - Salutation : « Kāòha tātou paotū ! » (Bonjour à tous !)

2) - Exclamation : « Kāòha à ! » (Ça fait pitié !)

3) - Verbe à sens actif :

*- « A kāòha atu kāòha mai te hoa i te hoa ! » (Aimez-vous les uns les autres.)

4) - Adjectif : Mea kāòha teâ māhaì. (Ce garçon est compatissant./Ce garçon fait pitié)

5) - Verbe au passif : Aòè te tumu hakako i kāòhaìa e te tōìki. (Le professeur n’a pas été salué par les enfants.)

6) - Nom commun /substantif : « A haatihe atu i to ù kāòha i to òe motuakui ! » (Transmet mes salutations à tes parents !)

 

013 – GROS PLAN SUR… Le marquisien, une langue austronésienne agglutinante

langues pacifique

Zone d'étendue des langues austronésiennes

« La langue marquisienne fait partie des langues austronésiennes qui sont parlées à Madagascar, en Asie du Sud-Est, dans l'océan Pacifique et à Taïwan. Au nombre de 1 268, elles constituent la 2e famille de langues du monde après celle des langues nigéro-congolaises.
Le foyer d'origine de toutes ces langues semble être l'extrémité sud-est de la Chine du Sud ou Taïwan (en mauve, tout en haut sur la carte) où vivent encore aujourd'hui des populations austronésiennes.
Ces langues se distinguent par de procédés qui permettent la formation de mots dérivés tels la réduplication (voir article 016) et l'adjonction de préfixes et suffixes à une base. De même, l’agglutination de mots permet la construction d’énoncés. » (D’après Wikipédia)

Dans les langues européennes qui nous sont familières (français, anglais, allemand, espagnol, …), les mots sont reliés entre eux par des particules dénommées conjonctions ou prépositions. Comme la plupart des langues austronésiennes issues du sud-est asiatique, le marquisien est une langue agglutinante, c’est-à-dire que les mots se placent les uns après les autres en fonction de leur importance, conformément aux règles de la langue et en commençant par le plus significatif d’entre eux : haè hāmani (N)/faè hāmani (S) (haèhāmani/faèhāmani) kaùoo (Litt. : maison livre grand) = une grande école) ; vehine kōpū tama (N) /vehine ôpū tama (S) (Litt. : femme ventre enfant) = femme enceinte.

On notera aussi que le qualificatif suit le mot qualifié (sauf rares exceptions)..

 

014 – GROS PLAN SUR… Les articles TE et HE

Ils peuvent être suivis d’un mot masculin, féminin, singulier ou pluriel.

*- HE fait plutôt fonction d’article indéfini qui caractérise un ou des éléments faisant partie d’un groupe :

He potu tenā. (Cela est un chat.) ; he mou potu (ce sont des chats)

*- TE fait plutôt fonction d’article défini : te vāhana (N) /āhana (S) (l’homme, le mari), te vehine (la femme, l’épouse), te ènana (N) / ènata (S) (l’homme, en tant qu’être humain), te poì (les gens).


Pour consulter la totalité de l’article traitant de ce sujet, cliquer ici.

 

015 – GROS PLAN SUR… Le genre et le nombre des mots marquisiens (masculin/féminin, singulier/pluriel)


Les mots marquisiens n’ont pas de genre grammatical défini ; c’est le sens du mot qui définit son genre : te àki/àni (le ciel), te tai (la mer), te vāhana (N) /āhana (S) (l’homme, le mari), te vehine (la femme, l’épouse).

Dans certains cas, des mots définissant le sexe mâle ou femelle sont placés devant le vocable à qualifier : te toa piha (le taureau), te kōivi menē (la chèvre) (Op. Cit. Zewen p. 21 -6)

L’expression du pluriel sera développée dans les prochains articles ; pour l’instant, il suffit de savoir que, les mots étant quasiment invariables, le pluriel s’exprime en les faisant prédéder de marqueurs du pluriel (cf 018) et, parfois en rédupliquant le mot, ou une partie du début du mot.

 

016 – GROS PLAN SUR… Le procédé de réduplication


La réduplication est un phénomène de redoublement de la partie antérieure d’un mot, ou d’un mot entier, afin d’exprimer une notion de :

1) – Duel, c’est-à-dire une notion de pluriel s’appliquant à une paire : te ìma/nā îìma (la main : les mains) ; hee/hehee (aller/aller à deux).

2) – Répétition d’une action : tā/tātā (taper/taper à plusieurs reprises) ; pehi/pehipehi (lancer/lancer à plusieurs reprises).

3) – Durée : tekao/tekatekao (parler/bavarder longtemps).

4) – Intensité : maù/maùmaù (ombragé/très ombragé) ; toto/totototo (sang/ensanglanté).

Attention : la réduplication n’est pas systématique, et se conforme à des règles d’usage : on ne peut redupliquer les mots selon son humeur… à moins d'avoir l'intention de faire de la poésie…

 

017 – GROS PLAN SUR… Le duel, pluriel à deux

En dehors des troisièmes personnes du singulier et du pluriel, la langue marquisienne possède des pronoms duels, c’est-à-dire concernant deux personnes seulement :


1) – 1ère personne duel

a) - tāua : nous deux (ici, moi, et toi auquel je m’adresse)

b) - māua : nous deux (moi et quelqu’un d’autre que toi ici)

* - « A hee tāua i te ika hī. » (Allons à la pêche ! [Toi et moi]

* - « Ua hee māua me Moe i te ika hī. » (Moe et moi, nous sommes allés à la pêche [mais pas toi auquel je m’adresse].

2) – 2ème personne duel : ôùa , kōùa (Up) (vous deux)

« A mai ôùa ! » (Venez ici vous deux !)

3) – 3ème personne duel : âua (eux, ils, elles deux)

« Ua ìte au ia âua. » (Je les ai vu/vues tous/toutes les deux.)

 

018 – GROS PLAN SUR… L’expression du pluriel à partir de trois

Les mots étant invariables en nombre, il existe plusieurs manières d’exprimer le pluriel :


1) – Par le contexte : Mea nui te poì (Il y a beaucoup de gens.)

2) – En rédupliquant un mot ou une partie de ce mot (voir : Gros plan sur…  N° 15) : te ìma/nā îìma (la main/les mains) ; te kaù/naù ; mea kaùkaù/naùnaù te tai (la vague/la mer est agitée)

3) – Avec un numéral : e toù moa (trois poulets)

4) – En faisant précéder le mot concerné de noms collectifs qui le pluralisent :


a) – mou (quelques) : te mou vehine (quelques femmes)

b) – tau : te tau ika (N) / ià (S) (les poissons)

c) – poì (les gens) : te poì àvaika (N) / àvaià (S) (les pêcheurs)

d) – huaa (pour les humains seulement) : te huaa Peàto (les Saints)

e) – papa (pour les humains seulement) : te papa hakaìki (les chefs)

f) – hatu/fatu : te hatu menē (N) / te fatu keukeu (S) (les chèvres)

g) – naho : te naho puaka (N) /puaa (S) (les cochons)

h) – puke : te puke tama (les enfants)

i) – maa (pour les végétaux seulement) : te maaâkau (les arbres = la forêt)

 

019 – GROS PLAN SUR… Les deux pronoms personnels de la 1ère personne du pluriel masculin et féminin : tātou/mātou. Ils s’emploient à partir de trois personnes.


1) – TĀTOU est inclusif de l’interlocuteur ; l’interlocuteur est inclus dans le groupe « NOUS » :

*- « A kai tātou ! » (Mangeons ! [sous-entendu : NOUS TOUS qui sommes ici.])

2) – MĀTOU est exclusif de l’interlocuteur : l’interlocuteur est exclu du groupe « NOUS » :

*- « I Nuku Hiva, e peàu mātou « Òe » ; i Ua Pou, e peàu ôtou « Koe. »
(À Nuku Hiva, NOUS, SANS VOUS, NOUS disons « Òe » (Tu, toi) ; à Ua Pou, vous dites « Koe. »


020 – GROS PLAN SUR… Les particules démonstratives


1) - Elles sont au nombre de trois : NEI, NĀ et Â/AA, et servent à localiser un élément dans l’espace et le temps par rapport au contexte.

2) – Elles correspondent aux trois personnes :


a) - NEI renvoie à la 1ère personne :
JE, MOI, NOUS, ici et/ou maintenant.

b) – NĀ/ANA renvoient à la 2ème personne : TU, TOI, VOUS, là et/ou à un autre moment proche.

c) – AA/Â renvoient à la 3ème personne : IL, ELLE, EUX, ILS, ELLES, là-bas et/ou à un autre moment lointain.


3) – Elles se combinent à l’article TE pour former des démonstratifs corrélatifs aux mêmes notions spatio-temporelles :


a) – TĒNEI : ceci, celui-ci, celle-ci

b) – TENĀ : cela, celui-là, celle-là

c) – TE : cela là-bas, celui-là là-bas, celle-là là-bas (plus loin dans l’espace ou le temps)


*- No ù tēnei pāriri >>> Cette voiture-ci est à moi. >>> Te pāriri nei.

*- No òe tenā pāriri >>> Cette voiture- est à toi.>>> Te pāriri nā/ana.

*- No īa teâ pāriri >>> Cette voiture là-bas est à lui/elle.>>> Te pāriri aa/â.

4) – Elles se combinent à la base « PĒÈ- » pour former les démonstratifs comparatifs répondant à l’interrogatif : PĒHEA ? Comment ?


a) - PĒÈNEI : Comme ceci, ici, près de moi.

b) - PĒÈNĀ : Comme cela, près de toi.

c) - PĒÈ : Comme ça, là-bas.

*- Pēhea te hana ? Pēènei, koè nui pēènā !

*- Comment faire ce travail ? Comme ceci, surtout pas comme cela !


5) – HUA est le démonstratif de RAPPEL (ou corrélatif) ; il renvoie à un sujet de conversation déjà évoqué :

« Ua ìte òe ia Moana ? » « Aòè, aê au i ìte i hua ènana. »

(Connais-tu Moana ? Non, je ne connais pas cet homme (dont tu me parles). »


6) – TĒIA est le démonstratif indéfini ; il s’applique lorsque le contexte est incertain, inconnu, indéfini dans le temps et l’espace :


*- I tēia â, i tēia â, ua topatopa to īa ūo i te hana.

(De jour en jour, son entrain au travail diminua/diminuait.)

*- « O ai òa tēia ? » « Qui c’est celui-là ? » (En parlant d’un inconnu.)

 

021 – GROS PLAN SUR… Les énoncés équationnels (phrases sans verbe « être ») (Zewen, Op. Cit. P ; 27-29)

La langue marquisienne ne possède de verbe « être ». Afin de manifester une équivalence entre un « sujet » et ses « attributs », les phrases se construisent sous forme d’équation : la première partie équivaut à la deuxième (X1 = X2). Pour les lecteurs plus avancés, en linguistique, une phrase se dit « énoncé » ; dans un énoncé marquisien, le sujet et ses attributs sont inversés par rapport au français.

En marquisien, les énoncés peuvent se construire avec :

1) – La particule MEA afin de présenter une qualité du sujet :

*- Mea mōmona te kaikai. >>> Mea mōmona = te kaikai.

>>> Chose délicieuse = la nourriture.

*- La nourriture est délicieuse.

2) – Un locatif et l’interrogatif concerné I HEA ? :

*- I hea to òe kui ? / I Hatiheu to ù kui.

>>> I hea = to òe kui ? / I Hatiheu. = to ù kui.

>>> = ta mère ? / À Hatiheu = ma mère.

*- Où est ta mère ? Ma mère est à Hatiheu.


3) – La particule E qui définit la nature d’un élément :

*- E tātihi tenā hāoè. >>> E tātihi = tenā hāoè.

>>> Ø Médecin = cet étranger.

*- Cet étranger est médecin.


4) – L’article indéfini HE :

*- He haè (kanahau) tēnei. >>> He haè (kanahau) = tēnei.

>>> Une (belle) maison = ceci.

*- Ceci est (c’est) une (belle) maison.


5) – La particule présentative O :

*- O ai teâ motu ? /O Ua Huna teâ motu.

>>> O ai = teâ motu ? /O Ua Huna = teâ motu.

>>> Qui = cette île-là ? / Ø Ua Huna = cette île-là.

*- Quelle est cette île-là ? Cette île-là est Ua Huna.


Afin de mieux saisir les nuances entre E et HE, consulter l’article traitant du sujet en cliquant sur ce lien.

 

022 – GROS PLAN SUR… La notion de temps en marquisien

Dans les langues européennes, et particulièrement dans les langues issues du latin comme le français, le verbe subit des modifications, appelées flexions, qui apparaissent quand il est conjugué selon les personnes et les temps (Ex : faire : je ferai, je faisais, je fis)

En marquisien, le mot-base employé comme verbe n’est pas conjugué : il ne subit aucune modification, mis à part le duel déjà étudié au N° 16.

Ce sont des particules (dites aspectuelles) se plaçant devant le verbe qui donnent la tonalité temporelle, la notion du temps de l’énoncé à venir : notion révolue (passée), notion non-révolue (pas encore passée), souhaitable ou possible ou négative.

Ces particules sont présentées individuellement dans les articles qui suivent mais en voici quelques exemples avec le verbe « hee » /aller, s’en aller, partir :


1) – Aspect non accompli (présent, futur) >>> E :

E hee au i Tahuata oìoì. >>> Je partirai à Tahuata demain.


2) – Aspect ccompli (passé) >>> UA/U :

UA hee au i Tahuata i tīnahi. >>> Je suis allé à Tahuata hier.


3) – Aspect non accompli, mais pas loin de l’être >>> MEI :

MEI hee au i Tahuata. >>> J’ai failli aller à Tahuata.

On notera que l’ordre des mots ne change pas quel que soit la notion temporelle utilisée.

 

023 – GROS PLAN SUR… La particule aspectuelle préverbale « A »


Elle marque l’aspect inchoatif, c’est-à-dire qu’elle provoque le déclenchement d’une action.

Elle exprime :

1) – L’injonction, l’ordre (impératif) :

*- A hee ! / Va-t’en ! Allez-vous-en !

*- A hīmene tātou ! / Chantons !

Dans ce cas, de par la rapidité de l’énoncé, le destinataire de l’ordre ainsi que les compléments du verbe disparaissent souvent :

*- A pā te puta ! (au lieu de : A òe i te puta !) / Ferme la porte !

2) – La conséquence d’une première action avec la locution « a tahi a/alors » :

*- Ua tau te àkiona, a tahi a iho mai te tau manihii.

*- L’avion se posa et alors, les touristes descendirent.


024 – GROS PLAN SUR… La particule aspectuelle « E » qui peut exprimer :


1) – Une action habituelle

*- Paotū te â, e vaa au i te hora e hā.

*- Tous les jours, je me réveille/lève à quatre heures.

2) – Une action future

*- Oìoì à, e vaa au i te hora e ìma ; paòpaò au.

*- Mais demain, je me réveillerai/lèverai à cinq heures ; je suis fatigué.

3) – Une action en cours avec les corrélatifs « nei, ana, aa ». Cette forme continue ou progressive peut s’employer dans les contextes temporels :

a) – Présent ou non-révolu :

*- E aha ta òe hana i înei ? E nanu nei au i te huìmeika.

*- Qu’es-tu en train de faire ? Je suis en train de planter des pousses de bananiers

b) – Passé ou révolu, qui sera aussi indiqué par un autre marqueur temporel (ici, ua) :

*- E keu aa te tōìki i te pōpō, ua topa te ūa. (E keu aa te tōìki i te pōpō, a tahi a topa te ūa./ (E keu aa te tōìki i te pōpō, i topa ai te ūa.)

*- Les enfants jouaient au ballon quand il se mit à pleuvoir.

c) – Cet aspect est approfondi dans le N°025 qui suit.

4) – Une exhortation, c’est-à-dire un ordre, une injonction atténuée :

*- E aotahi meitaì òe i to òe motuakui ! / Écoute bien tes parents !

*- E hana i te hana ! / Il faut bien travailler !

Remarque concernant la forme négative

La structure négative de la particule « E » se construit de la sorte :

*- Aòè te tama e aotahi i te tekao

Dans la langue orale, la forme négative peut être raccourcie à l’extrême, et le « e » est glottalisé et renforcé : Aê aotahi te tama i te tekao.

 

Cliquer sur ce lien pour voir l’article traitant d’un autre aspect de « E ».

 

025 – GROS PLAN SUR… L’emploi de la particule préverbale « E » + BV (Base verbale) + « NEI, ANA, AA/Â »

Cette combinaison s’emploie pour exprimer :

1) – La « forme progressive » qui décrit une action « en train de se réaliser » (Cf. anglais : Base verbale + -ING). Comme expliqué dans l’article N° 020, « NEI, ANA, AA/Â » sont concomitants aux trois personnes du singulier et du pluriel.

a) – 1ère personne : E + BV + NEI

*- E tiòhi nei au (mātou, tātou, māua, tāua) i te atavii.

*- Je suis en train de regarder un film. (Nous sommes en train de regarder un film)

b) – 2ème personne : E + BV + ANA

*- E keu ana òe (ôtou, ôùa) i vaho.

*- Tu es en train de jouer dehors. (Vous êtes en train de jouer dehors.)

c) – 3ème personne : E + BV + AA/Â

*- E tiaki aa te tau tōìki (âtou, âua) i te tumu hakako.

*- Les enfants sont en train d’attendre le professeur. (Ils/elles sont en train d’attendre le professeur.)


2) – La concomitance, c’est-à-dire la réalisation de deux actions au même moment.

a) – 1ère personne : E + BV +NEI

*- E kaukau nei au i te vai, i koè ai te vai.

*- J’étais en train de me doucher quand l’eau fut coupée.

b) – 2ème personne : E + BV + ANA

*- E hiti ana òe i Muake, a taa mai.

*- Quand tu seras en train de monter à Muake, appelle-moi !

c) – 3ème personne : E + BV + AA/Â

*- E hoe aa te tau ènana i te vaka, ua topa te ūa oko.

*- Les hommes étaient en train de ramer quand tomba une forte pluie.


3) – Remarques

a) – On constate que l’emploi de « E » n’est pas soumis à la notion de temps révolu ou non-révolu (a-, passé ; b) -, futur.

b) – Cet emploi n’est pas systématique ; il dépend de la position du locuteur par rapport aux éléments de l’énoncé et aussi de la relation personnelle entre eux. C’est le contexte qui est la clé de l’emploi de « E + NEI, ANA, AA/ ».

c) - Dans le cas de la concomitance,
la 2ème proposition commence fréquemment par : A TAHI A(c’est alors que…)

*- E kaukau nei au i te vai, a tahi a koè te vai.

*- E hiti ana òe i Muake, a tahi a taa mai.

*- E hoe aa te tau ènana i te vaka, a tahi a topa te ūa oko.

 

 

026 – GROS PLAN SUR… La particule préverbale « UA/U »

Elle exprime la notion de révolu : l’énoncé est considéré comme accompli. (Pour des raisons expliquées plus bas, le terme « révolu » est préférable au terme « passé » qui ne recouvre qu’une partie des cas concernés)

1) – Expression du passé révolu : l’action est considérée comme réalisée dans le passé :

*- Ma hope o te ūa oko, ua pī te tai i te kaùèhi.

*- Après les fortes pluies, la mer était pleine de débris de cocos.

Remarque : Dans la langue orale, on constate que « UA » se raccourcit habituellement en « U » dans les cas ci-après, mais l’Académie marquisienne recommande de conserver la forme « UA » à l’écrit


a) - Un verbe de plus de 2 syllabes :

*- Mēìa i te ūa oko, u haakoè te hakaìki i te koìka.

*- À cause des fortes pluies, le maire a annulé la fête.

b) – Un verbe suivi de particules modales (mai, atu, etc.)

*- U tihe mai Tāporo i tīnahi.

*- Le Tāporo est arrivé hier.


2) – Expression de l’état accompli : une action future peut être envisagée comme étant accomplie dans le cas des actions programmées, des modes d’emploi ou des recettes de cuisine ; l’énoncé se traduit alors par un futur ou un futur antérieur :

*- Ia tihe mai òe oìoì, ua hee au.
*- Demain, quand tu arriveras, je serai parti.

Dans la Légende de la Création des îles Marquises, Atea dit à Atanua :

*- « Epō te eke o te òumati, ua tū te haè ».
*- « Avant le lever du soleil, la maison sera érigée. »

 

027 – GROS PLAN SUR… La particule préverbale « I »

Elle remplace systématiquement la particule « UA/U » dans les énoncés révolus où celle-ci n’est pas en position initiale. En effet, on se trouve alors, non plus en face d’une proposition principale mais en face d’une proposition subordonnée qui provoque cette mutation de « UA/U » en « I ».

1) – Dans les phrases négatives :

*- Aê au i hee i Hakahau. / Je ne suis pas allé à Hakahau.

(Dans la langue orale, la forme est raccourcie à l’extrême et le « i » est glottalisé et renforcé : Aî tihe Aranui. (L’Aranui n’est pas arrivé.)

2) – Dans les constructions relatives introduites par « TA » :

*- O īa te vehine ta ù i vae. / C'est elle la femme que j’ai choisie.

3) – Dans les énoncés attributifs commençant par « NA » :

*- Na te upokohaatee i peàu mai. / C’est le directeur qui me l’a dit.

4) – En cas d’emploi de la conjonction hypothétique « ANOA » :

*- Anoa òe i hakaòko mai, e mōkai òe. / Si tu m’avais écouté, tu aurais réussi.

5) – En cas d’emploi de la particule postverbale anaphorique (de rappel) « AI », elle marque l’aspect résultatif et permet de constater, au moment de l’énonciation, le résultat d’une action antérieure :

*- Ua vii te pōìti me io he nohoka, i hati ai to īa vaevae.

*- Le garçonnet est tombé de la chaise et (alors) s’est fracturé la jambe.

 


Remarque :

Cette fonction résultative de « I » est flagrante quand on compare les deux exemples suivants :

a) – Ua kaò òe i hea ? (Où te cachais-tu ?)

On interroge simplement l’interlocuteur sur l’endroit où il se cachait.

b) – I kaò òe i hea ? (Où t'étais-tu caché pendant tout ce temps-là ?)

Le « I » initial insiste sur la durée de l’absence jusqu’au moment où l’interlocuteur réapparait.

 

028 – GROS PLAN SUR… La particule préverbale « IA » :

Elle a deux fonctions :


1) – Elle exprime le mode optatif, qui expose un vœu ou un souhait :

*- Ia koakoa òe i to òe â hānau ! / Litt. : Que tu sois heureux pour ton anniversaire = Joyeux anniversaire !

2) – Elle matérialise le moment où une 1ère action est suivie d’une 2ème et se traduit par « quand/lorsque » :   IA_1____/_2____


a) – Notion habituelle :

*- Ia topa te pō, e haauà i te tau àma.

*- Quand la nuit tombe, on allume les lumières.

b) – Notion future :

*- Ia tihe òe i Fatu Iva, e apuu mai tu ù kui ia òe.

*- Quand tu arriveras à Fatu Iva, ma mère t’accueillera.

 

029 – GROS PLAN SUR… La particule préverbale « OI » (parfois prononcée « ÒI »)


Elle exprime l’aspect postfactif qui matérialise une action se déroulant à la suite d’une autre :

1_____/OI__2_____

*- A hee ponihoo oi topa te ūa !

*- Litt. : Pars/partez vite, après il va pleuvoir.

>>> Pars/partez vite avant qu’il pleuve !

Remarques :

1) – Malgré sa concision pratique, OI est souvent remplacé par EPŌ TE de nos jours dans la langue orale :

*- A hee ponihoo, epō te topa te ūa.

2) – De même, la confusion entre ces structures se manifeste fréquemment par l’emploi de TE ou de E après OI :

*- A hee ponihoo oi te topa te ūa ;

*- A hee ponihoo oi e topa te ūa.

 

030 – GROS PLAN SUR… La particule préverbale « MEI »


Elle exprime le mode proximatif indiquant que l’action a failli (ne pas) se produire :


1) – Forme affirmative :

*- I to mātou kouteeìa i Ua Pou, mei topa to ù māhaì io he tai.

*- Au cours de notre traversée vers Ua Pou, mon garçon a failli tomber à la mer.

2) – Forme négative :

*- I hea òe ? Mei koè au aê ìte ia òe./Mei koè ìte au ia òe.

*- Où étais-tu ? J’ai failli ne pas te voir.

 


031 – GROS PLAN SUR… La particule préverbale « OA »


Elle exprime le mode préventif empêchant une action de se réaliser ; en français, elle s’emploie dans les propositions finales (ou de but) négatives, et se traduit par « de peur que, afin que ne …pas » :

*- A tāmau meitaì i to ôtou pāihu oa hemo i te mate ikoiko.

*- Attache bien ton masque afin de ne pas attraper la covid19.

 

*- Ua humuìa to ù ihovare oa rere.

*- Mon cheval a été attaché de peur qu’il ne s’enfuie. (ou bien : afin qu'il ne s'enfuie pas/pour pas qu'il s'enfuie.)

Remarque :

Malgré cette règle, on entend fréquemment « OA E… » au lieu de « OA » tout seul, mais c'est incorrect :

*- U humuìa to ù ihovare oa e rere.

 

032 – GROS PLAN SUR… L’introduction des compléments par des prépositions « I/IA »

En marquisien, les verbes n’ont habituellement pas de complément d’objet direct (COD) ; les verbes sont donc transitifs indirects, c’est-à-dire que les compléments sont introduits par une préposition.


1) La préposition « I » concerne les noms communs compléments indirects, de temps, de lieu, etc. :

*- I te hora e hā, e hakaēa tātou i te hana i te tapahāmani ònohuu ma ìma.

*- À 4h00, nous arrêterons Ø le travail à la page 15.

2) – La préposition « IA » concerne les noms propres et les pronoms personnels correspondant :

*- « E Piu e, a tuku atu i te pōpō ia Moe ! » / « Umoì, a tuku mai ia ù ! »

*- « Eh Piu, donne le ballon à Moe ! » / « Ah non, donne-le Ø moi ! »

*- « Mea nui te manihii i tihe mai ; na ai e apuu ia âtou ? »

*- « Beaucoup de visiteurs sont arrivés ; qui va Ø les accueillir ? » (Litt. : accueillir à eux).

 

033 – GROS PLAN SUR… La proposition finale (ou, de but ; en français : pour, afin de faire qqc)


1) – Avec « NO TE… » devant un verbe exprimant le but à atteindre :

*- Ua tihe mai te hakaìki no te pepeù i te koìka.

*- Le maire est arrivé pour inaugurer la fête.


*- A tiaki mea iti no te tīmata i te hana !

*- Attendez un peu pour commencer le travail !


2) – Avec « MEA » dont l’antécédant sert à atteindre le but :

*- « A too i tenā toki mea taai i te vaka ! »

*- « Prends cette herminette pour tailler la pirogue ! »


*- « Makimaki au i to òe pāriri mea kave i te pūoo io he pakatea. »

*- « J’ai besoin de ta voiture pour transporter le coprah au quai. »

 

034 – GROS PLAN SUR… La négation « AÒÈ/AÊ » qui sert à :


1) – Répondre à une question par la négative :

*- « A hua io he haè ! » / « Aòè ! »

*- « Retourne à la maison ! » / « Non ! »


2) – Construire des énoncés négatifs (à l’oral, la négation « AÒÈ » est souvent remplacée par sa forme courte «  », ou « » au passé) :

*- Ua hee ananu te tātihi, aòè/aê īa e hua hakaùa mai.

*- Le médecin est parti pour toujours, il ne reviendra pas.


*- Aòè au i ìte. >>> au i ìte. >>> ìte.

*- Je n’ai pas vu = Je ne sais pas. >>> Pas vu = Sais pas...

 

035 – GROS PLAN SUR… L’interdiction avec « UMOÌ » et « AUA »


1) – UMOÌ exprime plutôt l’interdiction dans le contexte de l’énonciation ; l’interlocuteur est mentionné ou pas :

*- Umoì e humu i to ù ihovare ! / On ne doit pas attacher mon cheval !

*- Umoì òe e humu i to ù ihovare ! N’attache pas mon cheval !

*- Umoì e hee ma înā ! / On ne doit pas aller par là !

*- Umoì ôtou e hee ma înā ! /N’allez pas par là !

Remarque : Dans la langue de tous les jours on n’entend fréquemment que « moì ».

*- « Moì e keu ! » / Ne joue pas !


2) – AUA exprime une interdiction atténuée :

*- « Aua e kai te kiko i te ava haaoke ! »/ Il ne faudrait pas manger de viande pendant le Carême.


REMARQUES

a) - Cette interdiction exprimée par « AUA » et « UMOÌ » provient de l’exclusion qui est sa marque. On s’en sert donc aussi pour exprimer le manque ou l’absence :

*- Aua/Umoì òe, e tu ù hoa, ua mate au. / Sans toi, mon ami, je serais mort.

b) – L’interdiction affichée en public s’exprime aussi avec le mot-base « TAPU » :

*- Tapu te tomo ! Interdit d’entrer !

 

036 – GROS PLAN SUR… Les deux prépositions-mères : « I » et « MA »

Le lieu et le moment d’un énoncé sont précisés par des compléments précédés de prépositions. Parmi celles-ci, il en est deux qui servent de base à la plupart des autres ; on les nomme prépositions-mères. Ce sont :

1) – « I », déjà souvent mentionné plus haut (031) ; il fixe l’énoncé en un moment ou un lieu précis et il introduit la plupart des compléments :

*- I te hora e hā, e hakaēa tātou i te hana i te tapahāmani ònohuu ma ìma.

*- À 4h00, nous arrêterons Ø le travail à la page 15.

2) – « MA » qui exprime le moyen, le passage par, la longitudinalité :

*- « A tekao tātou ma he èo ènana ! » / « Parlons en marquisien ! » (Litt. : « Parlons en passant par le marquisien/au moyen du marquisien !)

*- « Ma hea to òe tiheìa mai nei ? » / « Par où es-tu passé (pour arriver ici) ? »

REMARQUE : Comme précisé plus haut, ces deux prépositions se combinent à la plupart des autres : i ùka o/ma ùka o (sur, dessus/par dessus) ; i òto o/ma òto o (dans, dedans/par dedans) ; i àò o/ma àò o devant, face à/par devant); etc.

 

037 – GROS PLAN SUR… ME, conjonction et préposition

I – ME (tout seul, comme conjonction de coordination)

A) - ME (= avec) : relie simplement des éléments d’un même énoncé.

*- Ua tihe mai ta ù ìâmutu me ta īa puke tama.

*- Mon neveu est arrivé avec ses enfants.

B) - ME (= comme) : établit une comparaison entre les éléments d’un même énoncé. Devant un article, nom ou pronom, elle établit une simple équivalence.

*- E kata tēnei māhaì me he kōea. / Ce garçon rit comme un fou.

II – ME + préposition

A) - ME + I/IA

Devant les prépositions I/Ia, ME établit une gradation dans une comparaison positive ou négative :

*- Me i te motua, me i te tama, me ia ù, me ia Tahia ua hemo i tēnei mate iòiò kovi 19.

*- Même les parents, même les enfants, moi-même et même Tahia, nous avons attrapé la covid 19. / Les parents aussi bien que les enfants, que moi-même et que Tahia, nous avons attrapé la covid 19.

*- Mea kōhii nui tēnei ava ; aê he ènana e koakoa, me i te poì àvaika, me i te poì taùnanu, me i te poì hanaìma…

*- Cette période est problématique ; personne n’est content, ni les pêcheurs, ni les cultivateurs, ni les agriculteurs.

B) - ME + I/IO

Devant les prépositions I/IO, ME établit l’origine ou le point de départ :

*- Me i hea ta Viri māmaì manu ? Me i ùka o te motu manu.

*- D’où proviennent les œufs d’oiseaux de Viri ? (Du dessus de…) Du sommet de l’îlot aux oiseaux.

*- Me i hea mai nei òe ? D’où viens-tu ?

*- Me io he haèhoko mai nei au. Je viens du magasin..

*- Me i te hora e 8 i te pōpōuì tihe i te hora e 5 i te ahiahi to tātou putuputuìa.

*- Notre réunion a duré de 8h. du matin à 17h00.


Lire l’intégralité de l’article concernant ME en cliquant sur ce lien.

 

 

038 – GROS PLAN SUR… La préposition « IO »

Elle est le résultat de la fusion de l’ancienne préposition de lieu « o » avec « i » (Zewen, Op. Cit. p. 60). Elle exprime la délimitation plus restreinte et plus précise d’un lieu. Elle s’emploie :


1) – Dans diverses expressions relatives à l’environnement humain :

*- Io he kaavai/dans la vallée ; io tītahi kēkē o…/de l’autre côté de…

2) – Pour traduire « chez »

*- Io to ù motuakui to ù noho. / J’habite chez mes parents.

*- A mai ôtou io ù ! / Venez chez moi !

3) – Remarques

a) – Après « IO », l’article « HE » remplace « TE » sauf si un complément du nom est appliqué, ou bien si une précision y est apportée :

*- Io he haè ta ù tau tama. / Mes enfants sont à la maison.

*- Mea nui te hāmani kākiu io te haè o te èpikopo. / Il y a beaucoup de livres anciens dans la maison de l’évêque (chez l’évêque/à l’évêché).

b) – Cette même règle s’applique aussi à la préposition « MA » qui exprime le passage ou la longitudinalité :

*- A tekao tātou ma he èo ènana ! / Parlons marquisien ! (Litt. : Parlons en passant par le marquisien !)

*- Ua moe te tama ma te kaokao o to īa kui. / L’enfant était allongé (par) le long de sa mère.

c) - Dans les trois îles du sud, selon le contexte, « IO » est le plus souvent remplacé par « I TO » ou « I NO ».

« U hakatu te Patirēia o te àni me te ùpena i haatopatia i to he tai, te i haamau i te nuitina o te tau ià kē, ià kē. Ia pī te ùpena, u toitia i no he one. »

« Le Royaume des cieux est semblable à un filet jeté à la mer, ramassant des poissons de toute espèce ; quand il est plein, les pêcheurs le remontent sur la grève. » Saint Matthieu 13, 47-48

 

039 – GROS PLAN SUR… Les démonstratifs locatifs formés avec « I » : « ÎNEI », « ÎNĀ », « ÎÂ/ÎAA »

Tout comme pour les démonstratifs composés de « TE » (Voir N° 020, 3), ils sont corrélatifs aux trois personnes grammaticales :

1) – 1ère personne : ici où je suis, où nous sommes : ÎNEI

2) – 2ème personne : où tu es, où vous êtes : ÎNĀ

3) - 3ème personne : là-bas où il/elle est, où ils/elles sont : ÎÂ/ÎAA


*- A keu tātou ! O au înei, o ôùa înā, o âtou îâ/îaa.

*- Jouons ! Moi ici, vous deux là, eux là-bas.


4) – « ÈIÀ » est le démonstratif corrélatif (= qui renvoie) à tous les sujets venant d’être évoqués ; il s’applique donc aux endroits dont on vient de parler. Il s’écrit et se prononce aussi keika, keina ou keìna selon les îles :

*- « Oìoì, e hee tātou i Hakaui ; i èià, e ìte tātou i te tau kūee. »

*- « Demain, nous irons à Hakaui ; c’est que nous verrons les anguilles. »

 

 040 – GROS PLAN SUR… Les particules directionnelles postverbales « MAI, ATU, AÈ, IHO »

(Tau ponaìki heoo, ma he èo ènana)

Elles se placent après le mot-base à fonction verbale et expriment une direction envisagée par l’énonciateur :

mai atu ae iho

Les règles ci-après présentent une vision simplifiée de leur emploi qui est très dépendant subjectivement de l’importance portée par l’énonciateur à sa vision du mouvement ; chaque particule sera étudiée ultérieurement afin de mieux en percevoir les nuances.


1) – « MAI » et « ATU » : directionnels horizontaux (voir illustration)

a) – « MAI » exprime un rapprochement vers l’énonciateur ou un déplacement vers l’élément jugé par lui le plus important de l’énoncé :

*- A tiòhi mai ! / Regarde-moi ! (Regarde vers moi, par ici, où je suis !)

b) – « ATU » exprime un éloignement de l’énonciateur ou un déplacement vers l’élément jugé par lui le plus important de l’énoncé :

*- A tiòhi atu i uta ! / Regarde (vers) le haut de la vallée !


2) – «  » et « IHO » : directionnels verticaux (voir illustration ; -  se dit AKE à Ua Pou)

a) – «  » exprime un mouvement ascendant par rapport à l’énonciateur ou vers l’élément jugé par lui le plus important de l’énoncé :

*- A tiòhi , mea nui te kōpeka ! /Regarde (en l’air), il y a beaucoup de martinets salanganes.

Remarque : En raison même de sa nature exprimant le mouvement vers le haut, s’emploie aussi dans les comparaisons de supériorité qui seront étudiées dans une autre rubrique (Ex : òa i… = plus long que).

b) – « IHO » exprime un mouvement descendant par rapport à l’énonciateur ou vers l’élément jugé par lui le plus important de l’énoncé :

*- A tuku iho i ta òe haìna înā ! / Dépose tes affaires là-bas !


Remarque :
En raison même de sa notion de mouvement vers le bas, donc de baisse, voire d’épuisement, IHO s’emploie aussi pour exprimer :

  • - L’achèvement d’une action :

*- IHO employé seul : tiòhi iho = examiner à fond.

*- IHO répété : « Ua toi iho au, ua toi iho, … = J’avais beau tirer, … »

  • - Le passé immédiat, ce qui vient de se passer ; IHO est alors souvent suivi de NEI : « Ua tihe iho nei au, ua kaò Teiki = À peine venais-je d’arriver que Teiki s’en alla.


Les usages plus spécifiques de ces particules sont développés dans les articles suivants.

041 – GROS PLAN SUR… La particule directionnelle MAI (Te ponaìki heoo MAI)

Elle indique un déplacement en direction de la personne ou de la chose sur laquelle se porte l’intérêt de l’énonciateur :


1) – L’énonciateur s’adresse à deux interlocuteurs mais il est le centre d’intérêt :

« A tuku mai te kohe ! » / « Donnez-moi le couteau ! »

2) – L’énonciateur s’adresse à trois interlocuteurs mais il est le centre d’intérêt :

« Na Moe i kave mai i te mei. » / « C’est Moe qui m’a apporté le poisson. »

3) – L’énonciateur s’adresse directement à son interlocuteur mais reste le centre d’intérêt :

« E te hoa, a toko mai ! » / « Eh mon ami, viens m’aider ! »

4) – L’énonciateur s’adresse à son interlocuteur à propos d’une troisième personne ; l’interlocuteur devient le centre d’intérêt :

« Na ai i tuku mai ia òe i tenā moni ? » / « Qui t’a donné cet argent ? »

5) – Dans un groupe, l’énonciateur évoque une action réalisée par un tiers éloigné (ou absent) en faveur de l’interlocuteur qui se trouve près de lui et qui devient le centre d’intérêt.

« Na Teiki i peàu mai ia īa. » / « C’est Teiki qui le lui a dit. »

6) – L’énonciateur explique à son interlocuteur ce qu’un tiers éloigné (ou absent) a fait en faveur d’un autre tiers éloigné ou absent qui devient pourtant le centre d’intérêt :

« Na to ù kooūa i tuku mai i teâ henua no to ù motua. » / « C’est mon grand-père qui a donné cette terre à mon père. »


Remarques (Zewen, Op. Cit. p. 65) :

a) - La notion de rapprochement contenue dans MAI est tellement forte que MAI est souvent employé comme un verbe à l’impératif :

« Mai, memai ! » / « Venez, soyez les bienvenus ! »

b) – MAI prend parfois place en début d’énonciation et forme une locution répétée deux ou trois fois pour exprimer les efforts faits pour atteindre en vain un objectif :

« Mai peàu, mai peàu, mai peàu, aê īa i òko. » / « J’ai eu beau dire et répéter, il n’écoute pas.»

 

042 – GROS PLAN SUR… La particule directionnelle ATU (Te ponaìki heoo ATU)

Elle indique un déplacement en direction de la personne ou de la chose sur laquelle se porte l’intérêt de l’énonciateur :


1) – L’énonciateur s’adresse à son interlocuteur qui devient le centre d’intérêt :

« A tiòhi mai ! E tiòhi atu au ia òe ! » / « Tu me regardes et je te regarde ! »

2) – L’énonciateur évoque le déplacement d’une tierce personne vers son interlocuteur qui devient le centre d’intérêt :

« E hee atu aa Moe io òe. » / « Moe est en train de partir chez toi. »

3) – L’énonciateur n’évoque que des tierces personnes, la personne à partir de laquelle l’action se déroule devenant le centre d’intérêt :

« Na Teiki i tuku atu i hua haè no Ame. » / « C’est Teiki qui a donné cette maison à Ame. »

4) – L’énoncé fait état de la rencontre de deux personnes ; ATU désigne la direction d’un lieu associé à l’interlocuteur :

« E Tahia e, e hee atu nei au io òe. » / « Eh Tahia, j’allais chez toi. »

« A ! E hee atu me òe. » / « Ah ! Je t’accompagne. »

 

043 – GROS PLAN SUR… L’appartenance en « O, TO, NO » et « A, TA, NA »

 

En raison de la complexité du sujet, se reporter à l’article complet en cliquant sur ce lien.

 

044 – GROS PLAN SUR… La comparaison de SUPÉRIORITÉ (Règle générale) ; en français, traduction de : PLUS… QUE


1) – Elle s’exprime par la simple juxtaposition de deux énoncés, le premier étant SUPÉRIEUR à l’autre :

*- Ma pirogue est plus longue que la tienne…

*- Ma pirogue est longue, la tienne est courte.

>>> Mea òa to ù vaka, mea poto to òe.

2) – Elle s’exprime en faisant suivre des particules directionnelles « aè/ake (Ua Pou) » ou « atu » la qualité concernée de l’élément supérieur, et en introduisant l’élément inférieur par les prépositions « i/ia » :

*- Les chats sont plus grands que les rats.

*- Mea kaùoo aè/ake te potu i te kioè.

*- Tu es plus rapide que moi.

*- Mea koi aè/ake òe ia ù.

Les spécificités de cette structure seront développées dans les articles suivant.

 

045 – GROS PLAN SUR… La comparaison de SUPÉRIORITÉ (Particularités) ; en français, traduction de : PLUS QUE…

En marquisien, les éléments modificateurs ou compléments des verbes français ne peuvent être comparés que s’ils deviennent sujets :


1) – Les adverbes ou compléments de manière :

*- Tu parles mieux le marquisien que moi…

*- Litt. : C’est meilleur ton marquisien que le mien.

>>> Mea meitaì aè/ake ta òe èo ènana i ta ù.

2) – Les compléments directs

*- Mon frère a plus d’enfants que ma sœur…

*- Litt. : (Sont) plus nombreux les enfants de mon frère que ceux de ma sœur.

>>> Mea nui aè/ake te tama a tu ù teina i ta tu ù tuehine.

 

046 – GROS PLAN SUR… La comparaison d’INFÉRIORITÉ ; en français, traduction de : MOINS QUE…


1) - Elle s’exprime par la simple juxtaposition de deux énoncés, le premier étant INFÉRIEUR à l’autre :

*- Ma maison est moins grande que la tienne…

*- Ma maison est petite, la tienne est grande.

>>> Mea iti to ù haè, mea kaùoo to òe.

2) - Elle s’exprime en commençant par l’élément INFÉRIEUR précédé des locutions « Mea iti mai/Chose plus petite » ou « Mea māeka mai/Chose plus faible », suivi de l’élément SUPÉRIEUR introduit par I/IA :

*- Ma maison est plus petite que la tienne.

*- Mea iti mai to ù haè i to òe

*- Le rose est plus pâle que le rouge.

*- Mea māeka mai te vairoti i te vaipūkiki.

3) - Remarques

a) – Bien qu’il s’agisse ici de la comparaison d’infériorité, il est à remarquer que l’on doive passer par la locution « plus que » pour la traduire.

b) – C’est la raison pour laquelle la comparaison d’infériorité est plus rarement utilisée que la comparaison de supériorité.

 

047 – GROS PLAN SUR… La comparaison d’ÉGALITÉ ; en français, traduction de : AUSSI … QUE, AUTANT … QUE


1) – Elle s’exprime en reliant les deux éléments comparés par « ME/ATII ME/Avec, comme » :

*- Ma femme est aussi belle que la tienne.

*- Mea pootu ta ù vehine ME/ATII ME/ ME I ta òe.

2) – D’après la règle énoncée au N° 043, on ne peut comparer les compléments des verbes ; ils doivent devenir les éléments-sujets de la comparaison qui commence par la locution « HUA MEA ANAIHO/C’est pareil), et le deuxième élément est introduit par ME :

*- Mon cochon a mangé autant de cocos que le tien.

>>> C’est pareil le nombre des cocos mangés par mon cochon que le nombre de ceux mangés par le tien.

>>> C’est pareil le nombre de cocos que mon cochon a mangés que ceux du tien.

*- HUA MEA ANAIHO te nuiìa èhi a ta ù puaka i kai ME ta òe.

 

048 – GROS PLAN SUR… La supériorité absolue ; en français, traduction de TRÈS + adjectif/adverbe :


Elle s’exprime à l’aide de la modalité adverbiale OKO placée après la qualité concernée :

*- Mea meitaì oko au. / Je vais très bien.

*- Aê moni oko tēnei karaihi. /Ce riz n’est pas très cher.

Remarque :

Un très grand nombre de mots-bases ont une modalité adverbiale spécifique ; leur liste est disponible en cliquant sur ce lien.

 

049 – GROS PLAN SUR… La supériorité relative ; en français, traduction de LE/LA PLUS + adjectif/adverbe + DU/DE LA/DES :

Elle s’exprime à l’aide de la modalité adverbiale OKO suivie de l’élément ou du groupe d’éléments comparés introduits par I/IA, IO, O, I VĀVEKA O selon le cas :

*- O Mohi te māhaì hou oko o to īa pāòto hāmani. / C’est Mohi le plus jeune garçon de sa classe.

*- O ai te motu karaiha oko i tahipito ? /Quelle est la plus grande île de toutes ?

*- A vae tātou i te ènana māàma oko i vāveka o tātou ! / Élisons l’homme le plus éclairé parmi nous !

 

050 – GROS PLAN SUR… Les démonstratifs comparatifs

Ce sont des adverbes établissant une comparaison entre les éléments de l’énonciation.


1) – Forme interrogative directe et indirecte : Pēhea (Comment)

*- Pēhea to òe vivini ia ù ? / Comment me connais-tu ?

*- Pēhea te nunu i tenā ika ? / Comment cuire ce poisson ?

*- Aê au i ìte pēhea te nunu i tenā ika.

*- Je ne sais pas comment cuire ce poisson.


2) – Formes affirmative et négative

On utilise des adverbes formés du préfixe « pēè- » suivi du suffixe corrélatif aux trois personnes :

a) – 1ère personne : pēènei ; comme ceci, ici, près de moi/nous

*- A tiòhi mai, pēènei te hī i te ika.

*- Regarde, c’est comme ceci qu’on pêche.

b) – 2ème personne : pēènā ; comme cela, près de toi/vous

*- E Tino, aê pēènā te hoe i te vaka !

*- Eh Tino, ce n’est pas comme cela qu’on pagaie !

c) – 3ème personne : pēèâ ; comme cela, là-bas, près de lui/elle/eux/elles

*- Mea kanahau te haka a teâ pūpū, a haka tātou pēèâ !

*- Leur danse est belle, dansons comme cela (comme eux) !


3) – Chacun de ces adverbes peut être remplacé par ATII suivi de la particule démonstrative correspondant à la personne de l’énoncé (cf. 020) :

atii nei, atii ana/atii na, atii aa/atii â.


4) – En raison de leur double notion spatio-temporelle, les démonstratifs comparatifs s’emploient aussi pour indiquer une direction :

*- Pēhea òe ? Pēèâ, i tai. / (Vers) Où vas-tu ? Par là, à la mer.

 

051 – GROS PLAN SUR… Les PRÉSENTATIFS LOCATIFS qui sont de deux sortes :



A) – Ceux qui servent à présenter un élément plus ou moins éloigné dans l’espace et le temps, et sont corrélatifs aux trois personnes.


1) – 1ère personne : EĪA, ÈIA ou EÌA, selon les îles (Voici, près de moi/nous)

*- « Oo ! Moe ! I hea òe ? » « Eīa au ! »

*- « Eh, Moe ! Où es-tu ? » « Me voici ! »


2) – 2ème personne : ENĀ (Voilà, près de toi/vous)

*- « I hea to ù matakarahi ? » « Enā, ma muì o òe. »

*- « Où sont mes lunettes ? » « Les voilà, derrière toi. »


3) – 3ème personne : AÎÂ/AÎAA (Voilà, là-bas, près d’eux/elles)

*- « I hea to âtou vaka ? » « Aîâ/aîaa, i vaho ! »

*- « Où est leur pirogue ? » « La voilà, là-bas, au large ! »


B) – Ceux qui servent à désigner des lieux plus ou moins éloignés, sans corrélation de personne.


1) – Àa (èe, eà : Uh + Sud) pour désigner ce qui est tout près (Voici)

*- « A tuku mai i te kōtūòmia ! » « Àa/èe/eà ! »

*- « Donne-moi le livre ! » « Voici ! Voilà !

 

052 – GROS PLAN SUR… Les emplois particuliers des présentatifs locatifs EĪA et ENĀ


A) – Traduction du verbe « AVOIR »

Suivis de la particule « ME », certains présentatifs servent à exprimer la possession/appartenance, et à traduire le verbe français « AVOIR », en conservant toujours leur corrélation à une personne.

*- « Enā me ta òe moni ? » (2ème pers.) « E, eīa me ta ù. » (1ère pers.)

*- « As-tu de l’argent ? » « Oui, j’en ai. »


B) – Ces mêmes présentatifs peuvent servir à exprimer la notion de PRÉSENCE/EXISTENCE


1) - En traduisant le verbe « ÊTRE ».

*- « I hea to ù tau kahu ? » « Enā io he puho. »

*- « Où sont mes vêtements ? » « Ils sont dans le coffre. »

*- « Aha, io he haè to òe motua ? » « E, enā. »

*- « Ton père est-il à la maison ? » « Oui, il y est. »


2) – En traduisant la locution « IL Y A… »

*- Enā e tahi haè e uà nei i tahatai.

*- Il y a une maison qui brûle en bord de mer.

 

053 – GROS PLAN SUR… Les diverses façons d’exprimer l’appartenance ou la possession

Comme il n’existe pas de verbe « AVOIR » en marquisien, afin d’exprimer ces deux notions, il faut utiliser d’autres stratagèmes.


1) – Avec les présentatifs locatifs EĪA et ENĀ employés avec la préposition ME (cf. N°52 ci-dessus)

2) – Sous forme de phrase équationnelle, à l’aide des possessifs déclaratifs « TO » et « TA » en faisant attention à la nature de l’appartenance (O/A) et à la forme de la phrase (Cf. N° 43)

*- « E moni ta òe ? » « E, e moni ta ù. »

*- « As-tu de l’argent ? » « Oui, j’ai de l’argent. »


*- « He pāriri to ôtou ? » « Aòè, o mātou pāriri. »

*- « Avez-vous une voiture ? » « Non, nous n’avons pas de voiture. »

Remarque : Dans la langue orale, cette dernière structure a tendance à être remplacée par :

« E haè to ôtou ? » « Aòè, aê he mea. »

 

054 – GROS PLAN SUR… Les suffixes de la langue marquisienne : -ÌA, -TIA, -TINA, -NA, -A

Il s’agit ici d’une présentation succincte qui sera développée dans les articles suivants.


A) – Comme leur nom l’indique, ils s’accolent généralement à la base verbale (Les exceptions seront traitées plus loin.)

*- pao >>> paoìa, paotia, paotina, paona, paoa.

*- ìte >>> ìteìa, ìtetia, ìtetina, ìtena, ìtea.

B) – Ils servent à exprimer :

1) – La voix/forme passive ; on les nomme alors « suffixes passivo-perfectifs » ou « suffixes de passivation ». Dans ce cas, on emploie -ÌA, (dans les trois îles du nord), -TIA (dans les trois îles du sud) et -A (Usage restreint à quelques mots des six îles)

*- Pā >>> pāìa/pātia : fermer >>> être ou avoir été fermé

*- Kamo >>> kamoìa, kamotia, kamoa : voler >>> être ou avoir été volé.

2) – La nominalisation/substantivisation de la base verbale : leur affixation au verbe transforme ce dernier en nom commun ou substantif. Dans ce cas, on emploie on emploie -ÌA, (dans les trois îles du nord), -TINA (dans les trois îles du sud) et -NA (Le plus souvent dans les trois îles du sud, avec quelques rares emplois dans les trois îles du nord) :

*- Pohuè >>> te pohuèìa : vivre >>> la vie (N)

*- Tetau >>> te tetautina : lire >>> la lecture (S)

*- Mate >>> te mateìa (N) /te matena (S) : mourir >>> la mort.

 

055 – GROS PLAN SUR… La formation de la voix passive

À la voix active (VA), le sujet exécute l’action ; à la voix passive (VP), l’action est exécutée par le sujet :

*- VA : Jean mange un sandwich.

*- VP : Le sandwich est mangé par Jean.

On constate que, si le résultat de l’action est le même, le verbe change de forme et le sujet devient « complément d’agent » introduit par « par ».


A) – La forme du verbe :
Comme vu précédemment au N° 54, c’est en adjoignant les préfixes -ÌA (Nord) et -TIA (Sud) à la base verbale que celle-ci prend la forme passive.

B) – Le complément d’agent est introduit par « E ».

C) – Exemples

*- VA : Ua kai te potu i te kioè. / Le chat a mangé le rat.

*- VP : Ua kaiìa/kaitia te kioè e te potu. / Le rat a été mangé par le chat. (Fatu Iva : Ua àitia te kioè e te potu.)

D) – Remarques

1) – En certaines circonstances, le complément d’agent est inconnu ; il est alors omis (et traduit par « ON » en français) :

*- U peàuìa/peàutia mai. / On me l’a dit (Cela m’a été dit).

2) – Le suffixe -A est parfois employé pour exprimer la voix passive

*- Ìte >>> ìtea : voir >>> qu’on peut voir >>> visible.
*- Pepeù >>> peùa : ouvrir >>> qui a été ouvert >>> ouvert.

3) – Dans le cas des bases verbales modifiées par un adverbe ou tout autre mot-base, le suffixe passif se place après ce dernier, sans adjonction de tirets ou de traits d’union :

*- U patu meitaì ìa/tia. / On l’a bien écrit (Cela a été bien écrit).

Quand l’euphonie le permet, c’est-à-dire lorsque la prononciation ou la lecture globale sont possibles sans gène, les trois éléments peuvent fusionner (peàu + pu + ìa/tia) :

*- U peàupuìa/peàuputia. / Cela a été dit tel quel (en vain, simplement)

 

056 – GROS PLAN SUR… La nominalisation/substantivition verbale simple

Elle se forme en ajoutant à la base verbale les suffixes -ÌA (N), -TINA (S), -KA (Nh, Up) et -NA (Uh, S) ; cette structure permet de former des noms communs à partir de bases verbales.


1) – Avec –ÌA et -TINA

*- Mea hana nui te pohuèìa i tēnei mou â.

*- Mea hana nui te pohoètina i tēnei mou â.

*- La vie est dure ces temps-ci.

 

*- Ia pao te tatauìa, a pā te kōtūòmia !

*- Ia pao te tetautina, a pā te kōtūòmia !

*- Quand la lecture sera finie, ferme le livre !


2) – Avec -KA et -NA ; cette modification ne concerne que quelques mots :

*- Moe >>> te moeka (Nh, Up) >>> te moena (Uh, S) : se coucher >>> la natte (= là où l’on se couche)

*- Amo >>> te amoka (Nh, Up) >>> te amona (Uh, S) : porter >>> la charge (= ce qui est porté)


3) – Avec -NA ; cette modification ne concerne que quelques mots du sud, parfois utilisés aussi au nord :

*- Mate >>> te matena : mourir >>> la mort.

*- Pao >>> te paona : être fini >>> la fin.

*- Tihe >>> te tihena : arriver >>>> l’arrivée, la venue.

 

057 – GROS PLAN SUR… La nominalisation/substantivisation verbale à sens temporel

Les bases verbales suffixées par -ÌA et -TINA peuvent s’employer pour construire des structures à valeur temporelle passée.


1) – Règle générale

*- I te huaìa/huatina o te kui, u koakoa ta īa tama.

*- Au retour de leur mère, ses enfants étaient heureux. / Quand leur mère revint, ses enfants étaient heureux.

 

*- I te ìteìa/ìtetina i te mokō, ua rere te poì.

*- À la vue du requin, les gens s’enfuirent. / Quand ils virent le requin, les gens s’enfuirent.


2) – Remarques


a) – Dans la langue orale, la préposition « I » est souvent omise sans provoquer de modification de sens :

*- Ø te huaìa/huatina o te kui, … / Ø te ìteìa/ìtetina i te mokō, …

b) – Dans le parler du sud-est, -TINA se mute en -TIA en présence des particules postverbales directionnelles (mai, atu, aè/ake (Up), iho) :

*- I to ù huatina huatia mai, …/ À mon retour, …. Quand je suis rentré, …

*- I to īa ihotina ihotia , …/ À sa descente, …. Quand il est descendu, …

 

058 – GROS PLAN SUR… L’interrogation dite « fermée »


On y répond par « Oui/E » ou par « Non/Aòè »


1) – Elle se construit comme la forme affirmative.

À l’écrit, elle se termine par un point d’interrogation ; à l’oral, selon le contexte, elle peut se terminer par une intonation ascendante ou descendante :

*- Ua hoko mai òe i te haraoa ? / As-tu acheté du pain ?

*- E, ua hoko mai au. / Oui, j’en ai acheté.


2) – Elle peut être renforcée en la faisant commencer par la particule interrogative E AHA suivie d’une pause à l’oral, et d’une virgule à l’écrit :

*- E aha, ua hua mai te tau tōìki ? / Est-ce que les enfants sont rentrés ?

*- Aòè, aê te tau tōìki i hua mai. / Non, les enfants ne sont pas rentrés.


3) – Elle peut se construire à la forme interronégative ; la réponse peut alors commencer par « OIA/SI » suivi d’une pause à l’oral, et d’une virgule à l’écrit :

*- Aê Aranui i tihe mai ? / l’Aranui n’est-il pas arrivé ?

*- Oia, enā io he pakatea. / Si, il est au quai.

 

059 – GROS PLAN SUR… Les préfixes causatifs : HAA-, HAKA-, TĀ-, TĪ-

Accolés à un mot-base, ils provoquent la réalisation de la notion contenue dans celui-ci.


1) – Le plus fréquent est HAA- ou HAKA-  (Ua Pou)

*- KANAHAU >>> HAAKANAHAU (Hakakanahau à Ua Pou)

*- BEAU >>> FAIRE BEAU >>> EMBELLIR

*- POTO >>> HAAPOTO / COURT >>> FAIRE COURT >>> RACCOURCIR

*- Mea òa oko ta òe tekao, a haapoto mai ! (Hakapoto à Ua Pou)

*- Ton discours est trop long, raccourcis-le !

REMARQUES

a) - C’est l’usage qui règle le choix entre HAA- et HAKA-, même si à Ua Pou, ce dernier est de rigueur.

b) – HAA- peut se raccourcir en HĀ- comme dans le cas de kai/nourrir ou inu/abreuver ; c'est parce qu'il manque un "a" que celui qui reste est allongé d'un macron "ā"


2) – On trouve aussi les préfixes causatifs TĀ- et TĪ- avec les mêmes caractéristiques :

*- PUKE >>> PUKE / TAS >>> FAIRE UN TAS >>> ENTASSER

*- A puke mai i te tau èhi înei ! / Entasse les cocos ici !


*- ÈPO >>> ÈPO / SALE >>> FAIRE SALE >>> SALIR

*- Umoì òe e tīèpo i to òe kahu ma mua o te koìka !

*- Ne salis pas tes vêtements avant la fête !

 

060 – GROS PLAN SUR… La particule postverbale anaphorique « AI »

Une anaphore est le rappel d’un énoncé antérieur, quelle que soit sa nature. Cet énoncé peut être :


1) – Un nom

*- Na òe te piò i hee ai au i te kona. / C’est à cause de toi que je suis allé me soûler.


2) – Une subordonnée, quelle que soit sa nature


a) – Exemple avec une subordonnée temporelle :

*- E kaukau nei au i te vai, i taki ai ta ù vini.

*- J’étais en train de me doucher quand mon vini a sonné.
(= J’étais en train de me doucher et c’est alors que mon vini a sonné.)

b) – Exemple avec une subordonnée de cause ou de conséquence :

*- Mea nui oko te ènana io he poti, o īa te tumu i kaò ai te poti.

*- Il y avait tellement de gens sur le bateau qu’il coula.
(= Il y avait beaucoup trop de gens sur le bateau, raison pour laquelle il coula.)


Remarque

L’anaphore ne s’employant par nature que pour se référer à un repère révolu, on constate que la particule aspectuelle se transforme de « ua/u » en « i ».

061 – GROS PLAN SUR… Les subordonnées relatives « sujet »

Il s’agit des subordonnées relatives dont le sujet est l’antécédant situé dans la phrase qui précède.


1) – Aux temps non-accomplis (présent, futur), l’antécédant est introduit par TE E contracté en TE (en français : QUI)

*- O Moe TE hee i te àvaika me au.

*- C’est Moe QUI viendra à la pêche avec moi.

maison.


2) – Au temps accompli (passé), l’antécédant est introduit par TE I (en français : QUI)

*- O Moe TE I hee i te àvaika me au.

*- C’est Moe QUI est venu à la pêche avec moi.

 

062 – GROS PLAN SUR… Les subordonnées relatives « complément »

Il s’agit des subordonnées relatives dont le complément est l’antécédant situé dans la phrase qui précède.

Elles sont introduites par TA + pronom personnel qui convient (en français : QUE) :

 

*- Oia te kōtūòmia TA Ù i huì ma he èo farani.

*- Voici le livre QUE J’ai traduit en français.

 

*- Aê au i ìte i te hoe TA ÒE i kave mai.

*- Je n’ai pas vu la rame QUE TU as apportée.

 

063 – GROS PLAN SUR… L’énonce attributif avec « NA »

*- Il se construit avec NA + SUJET en début d’énoncé.

*- En français, il se traduit habituellement par : C’EST + sujet + QUI

*- Il s’emploie pour :


1) – Mettre en valeur le sujet de l’énoncé :

*- Na ù e kave ia òe io he pakatea.

*- C’est moi qui te conduirai au quai. (Moi, et non quelqu’un d’autre.)


2) – Signifier la fonction du sujet :

*- Na te tau mūtoi e àama i te tau pāriri.

*- C’est le rôle des policiers de contrôler les voitures. (C'est aux policiers de contrôler les voitures)


3) – Remarques

a) – La question correspondante est : NA AI ? qui se contracte en NAI ? à l’oral.

b) – À la forme négative, on fait précéder NA de la négation qui convient :

*- Aê na ù e kave ia òe. / Ce n’est pas moi qui te conduirai.

c) – La particule préverbale « e » du non-révolu se change en « i » au révolu ; dans ce cas, elle remplace fréquemment la structure « O ai te i + verbe » :

*- Na ai i peàu ? / Qui l’a dit ?

 

 

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© Te Haè tuhuka èo ènana - Académie marquisienne – Mataìki/mai 2023

 

 

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